Migrances, marges et métiers (2000/1-3)
Musée dauphinois
Le monde rural a longtemps été perçu comme immobile, marqué par une autarcie culturelle, démographique, sociale et économique. Parallèlement, la mobilité était vue essentiellement comme un moyen d'échapper à l'insuffisance de l'agriculture sédentaire par rapport aux besoins des populations autochtones. Cependant des travaux conduits ces dernières années ont mis en évidence une réalité bien différente. Les articles réunis dans ce numéro ont pour ambition de contribuer à ce changement de perspective. Le regard se déplace vers l'intense circulation d'hommes qui a de fait caractérisé pendant plusieurs siècles le monde rural. L'attention est portée sur un ensemble d'activités itinérantes qui jusqu'à un passé récent ont concerné ce monde en France et en Europe : bûcherons, charbonniers, bergers, ramoneurs, rémouleurs, journaliers, mendiants. Il s'agit de saisir le contexte social et culturel de départ des migrants, les réseaux de relations tissés au long des déplacements et la confrontation des regards des différents groupes sur les compétences techniques, la connaissance du territoire, l'espace domestique. On discerne ainsi l'imbrication entre les processus de mobilité spatiale et les dynamiques d'inclusion / exclusion des étrangers dans les campagnes, en explorant l'espace où mobilité et sédentarité se rencontrent, dans un jeu d'opposition et de projections, mais aussi d'insertions temporaires ou définitives.