Prospection géophysique ancienne abbaye de Bonnevaux
La prospection géophysique sur le site de cette ancienne Abbaye, aujourd'hui disparue, sur la commune de Villeneuve-de-Marc, a pu avoir lieu le 14 mars 2021. Le rapport définitif devrait apporter de nouveaux éléments sur cet édifice majeur.
Mais qu’est-ce donc que ce curieux véhicule sur roues, manœuvré manuellement, qui fait des allers-retours dans les prairies où s’élevait autrefois l’abbaye de Bonnevaux, ce dimanche ? C’est un radar, qui cherche à identifier les vestiges de la prestigieuse maison religieuse, en envoyant dans le sous-sol des ondes électro-magnétiques.
L’association « Mémoire de Bonnevaux » œuvre depuis plus de trente ans pour que soit mieux connue cette abbaye cistercienne fondée en 1117 et pour que – comme l’indique le nom même de l’association – sa mémoire demeure vive. Or, les bâtiments ont entièrement disparus : vendus comme biens nationaux à la Révolution, ils ont été détruits pour en récupérer les matériaux entre 1836 et 1838… On ne connaît qu’une représentation des édifices, grâce à un tableau daté de 1750. C’est en partant de cette image que l’association a imaginé en 2017, pour les journées européennes du Patrimoine, de dessiner au sol au moyen de cordes, à l’échelle 1, le plan des bâtiments. Une expérience amusante et très appréciée des visiteurs qui renforça le désir de mieux connaître la réalité matérielle de cet ensemble évanoui.
Il existe aujourd’hui des techniques de prospection non destructrices qui donnent des résultats saisissants. L’association se renseigne notamment auprès de la DRAC (Direction régionale des Affaires culturelles, Service régional de l’Archéologie) qui les oriente vers des entreprises spécialisées dans ce type de recherche. C’est finalement Analyse GC (Analyse Géophysique Conseil) qui est retenue pour réaliser la prospection ; une première visite de terrain de ces scientifiques préconise l’usage du radar, qui fournit des données fiables et précises et dont le résultat devrait être positif sur ce type de sous-sol. Après une première tentative le 26 octobre 2020 (le terrain, détrempé par une semaine de pluies intenses, n’est pas praticable), c’est en définitive dimanche 14 mars 2021 que l’opération a pu être menée. Un radar à pénétration de sol de haute précision, doté de 7 antennes différentes, est installé dans son « berceau », une sorte de caisse placée au ras du sol dans une structure métallique, elle-même portée par deux roues de vélo. Pour que les impulsions envoyées pénètrent bien dans le sol, il est indispensable que le radar soit en contact direct avec celui-ci. Un GPS de qualité (en contact avec pas moins de 32 satellites !) permet une localisation précise des vestiges détectés. Tous ces outils sont reliés entre eux et les données traitées par des ordinateurs puissants. Un drone procède à une couverture photographique haute définition, sur laquelle les vestiges pourront être replacés.
Cette fois, c’est dans la boîte ! Lors du passage du radar, les techniciens et archéologues qui réalisaient l’opération, ont pu voir que des éléments rectilignes (murs) se dessinaient sur l’écran. Ailleurs, un ou deux niveaux de sols paraissent identifiables. Un travail de traitement des données, de mise au propre des informations recueillies, de cartographie et d’interprétation reste à mener. Le rapport définitif sera prêt d’ici deux mois. Il devrait fournir des informations renouvelées sur cette grande abbaye disparue ; on l’espère et on l’attend avec impatience.
L’opération a été rendue possible grâce à un financement participatif et a bénéficié d’une aide du Département de l’Isère.