L’Alpe 22 | Cueillir la montagne

Musée dauphinois

L’alpe 22 Cueillir la montagne
Auteur : collectif
Parution : 01/2004
Nombre de pages : 112 pages
Collection : Revue l'Alpe
Éditeur : Glénat
Code produit : 1608
ISBN : 2-7234-4410-4
Prix : 14,99
Dimension : 23 x 30 cm
Type : publication papier
Etablissement : Musée dauphinois
Thème :
Patrimoine

Depuis le solstice de Noël, l'hiver est là, mais un puissant levain travaille secrètement la nature endormie. Au mitan de janvier, peu après l'Épiphanie, incarnation de l'astre renaissant, le judaïsme fête le Nouvel an des arbres qui marque l'inversion de la sève dans la végétation. Après la cueillette du diamant noir au zénith des belles journées d'hiver, marche sur les traces du sabot de tes chèvres et de tes brebis, là où pousse la salade des champs. Bienheureuses herbes dépuratives pour tes humeurs. Le bélier est le symbole du réveil de la nature dans les mythologies antiques. Cette force incandescente pousse les bêtes à s'unir et lance les plantes vers la lumière pour des noces immuables. Miracle du printemps et de l'éternel retour de l'amour. Verts tendres des pousses lentement déployées. Glace et neige relâchent leurs griffes. Bois et pacages renaissent à la couleur. La vigne pleure quand tu la tailles. La fleur du narcisse annonce la morille, et le joli mai, les beignets d'acacia et le miel très doux qui va si bien avec.

À la Saint-Jean, cueille les simples qui soignent ton corps et ton âme. Plénitude de la lumière des fenaisons et des moissons. Suis maintenant les grands troupeaux ensonnaillés, vers l'herbe neuve sur la montagne. Framboises, myrtilles et mûres ravissent les petits. Tresse la fleur de la lavande pour parfumer bahut et armoire. Quelques flacons de vin de noix ou de sureau, de liqueur de génépi ou de gentiane, exalteront la gloire de l'alpe. Les premiers orages enflent sur le soir. Scie tes planches, répare ton toit avant que le temps ne se gâte. Le vent se lève, une année s'achève. Voici l'automne mélancolique. Que Déméter, déesse de la fertilité, emplisse ta grange de pommes et de coings, ton grenier de noix et de châtaignes, et ton cellier du jus de tes raisins. Splendeur des frondaisons pourpres et fauves, nuages en fuite sur les monts déserts, eaux mortes. Rentre tes choux et tes patates. Aux premiers gels, cueille la sorbe, la prunelle et le genièvre. Fends ton bois, et puis endors toi comme tes abeilles, en rêvant à la beauté du monde et à l'étoile qui t'attend à l'aube de ton sommeil. André Pitte.

Sommaire

  • « Dans le grand cycle cosmique » Jadis sauvages, les céréales ont été apprivoisées par l'homme depuis le Proche-Orient jusqu'aux Alpes. Pour assurer son pain quotidien, le paysan des montagnes s'est tout simplement inspiré des conditions naturelles. Un bel exemple d'adaptation de la plante à l'homme. À moins que ce ne soit l'inverse ? Par Gaetano Forni.
  • « Des nourritures étranges venues d'ailleurs » Immigrées et naturellement différentes, certaines plantes ont connu, dans les Alpes, une longue période d'intégration. Si maïs, riz ou pomme de terre sont aujourd'hui considérés comme des productions typiques des régions de montagne, ces espèces n'ont été “naturalisées” que par une lente assimilation aux traditions alimentaires locales. Par Rosanna Caramiello.
  • « Alpes d'ailleurs : au royaume des dieux » Des pentes de l'Olympe aux sentes du Parnasse, les Grecs de jadis se hasardaient dans le domaine des dieux pour en exploiter les ressources. Une alpe hellénique (édénique ?) riche en bois rares, baies sauvages et plantes médicinales. Par Suzanne Amigues.
  • « L'almanach de L'Alpe : cueillir les jours et la montagne »Cette cueillette est inspirée par Martin de la Soudière, pèlerin de la montagne. Un almanach à la manière de L'Alpe, “simple leçon de choses passagères où résident pourtant certains de nos plus durables bonheurs” nous dit Pierre Lieutaghi. Un almanach qui s'ouvre sur le jour de l'an annonçant la victoire de la lumière sur les ténèbres. Par André Pitte.
  • « Sauvage et nourricière » Dans les Alpes maritimes, herbes et baies offrent leurs saveurs tout au long des sentiers. Une manne dans laquelle les anciens puisaient allègrement. Grands connaisseurs de ces ressources, les habitants de la vallée de la Roya en ont toujours fait grand usage. Par Danielle Musset.
  • « Des plantes et des marchandises » En Valais, comme ailleurs, les remèdes de bonne femme s'effacent doucement des mémoires. Face aux récupérations abusives, la connaissance ravivée des plantes et de leurs usages pourrait servir l'économie montagnarde. Plaidoyer pour la renaissance d'une herboristerie locale. Par Didier Roguet.
  • «À la poursuite du diamant noir » La truffe des Alpins d'antan affleurait partout dans les sous-bois et parfumait les marchés et les repas campagnards. Avec la désertification des montagnes, la mine s'est tarie et le précieux champignon est devenu produit de luxe. Un sort irréversible ? Par Claude Damiani, Jean-Jacques Roux et Pierre Tabouret.
  • « Les fruits de la terre »Pommes, poires et autres fraises font partie intégrante du paysage des Alpes. Poussant dans les haies ou les vergers, les fruits entrent depuis toujours dans l'alimentation des habitants et participent à l'économie de certaines régions. Un patrimoine riche de nombreuses variétés anciennes qu'il importe de préserver. Par Marie Tarbouriech.
  • « Portfolio : la haute île » Un Queyras conjugué au présent et à toutes les personnes. Pendant plus de deux ans, Pierre Witt s'est immergé dans les hautes terres pour en saisir l'âme. Dans la plus pure tradition de la photographie humaniste, un bel hommage à ces habitants de l'alpe, complété par la plume fleurie de Marianne Boilève. Extraits.
  • « Les petits jardins du bonheur » Voir, toucher, sentir, comprendre et apprendre la flore en flânant dans un écrin de verdure. Ludiques et pédagogiques, les cinq jardins du prieuré de Salagon, en Haute-Provence, proposent d'agréables parcours à thème. Une approche sensible de l'ethnobotanique. Par Pierre Lieutaghi et Danielle Musset.
  • « Le Dictionnaire encyclopédique des Alpes : chasseurs alpins » La chasse, comme la cueillette, a longtemps permis d'agrémenter l'ordinaire des montagnards. Fortement enracinée dans la culture et l'imaginaire alpins, cette pratique varie au gré des vallées et des communautés. Mais aujourd'hui, plus question de traquer la marmotte ou de piéger la sauvagine ! Désormais bien gardée, la chasse alpestre a perdu son originalité. Par Sergio dalla Bernardina.
  • « Graine d'alambic » La grappa nouvelle est arrivée. Dans le secret de leurs alambics, de créatifs distillateurs des Alpes orientales italiennes ont effectué une goûteuse transmutation. La rustique eau-de-vie de marc s'est faite nectar aux subtils arômes. Une alchimie très réussie de saveurs inédites. Par Christian Callec.
  • «Les altermondialistes de la bouffe» Slow Food est un OVNI dans le monde du militantisme en faveur de la biodiversité alimentaire. Née en... France il y a quatorze ans, l'association... italienne n'a pas réussi à percer sur les terres de José Bové et des trois cent soixante cinq fromages. Pourtant, 2003 pourrait bien marquer un tournant dans son évolution. Par Laurence Bérard. Et encore...
  • «Haute Maurienne : “un monde à part” » À la croisée des chemins menant vers l'Italie, cette vallée est irriguée par de multiples courants. Au fil du temps, ses habitants ont tissé une riche culture qui se lit sur les murs de pierre et les ors baroques. Une région discrète et préservée qui se déchiffre pas à pas, au long de chemins d'art et de nature. Par Jacqueline Jorcin-Roch.
  • « La déroute Napoléon » Les “Passages de l'Alpe” de la prochaine édition du Grenoble Jazz Festival accueilleront l'Italian Instabile Orchestra en garde impériale d'une version sonorisée, appassionato et décalée de Napoléon, le classique du cinéma muet réalisé en 1927 par Abel Gance qui met notamment en scène la traversée alpine du presqu'empereur. Par Hugo Gaspard.
  • « A fleur de peau » Laurence Revey, chanteuse valaisanne, croise sommets suisses et Alpes d'ailleurs, instrumentations traditionnelles et audaces rythmiques, savoirs de l'ethnologue Bernard Crettaz et programmations musicales rares d'Hector Zazou. Fée des villes ou fée des champs ? Réponse en forme de portrait. Par Pascal Kober.