Sangatte Le hangar
Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
Ouvert en septembre 1999, dans le hangar qui servit d'abri aux matériels de forage du tunnel sous la Manche, le centre d'accueil des réfugiés de Sangatte, près de Calais, a déjà vu passer plus de 50 000 personnes. Kosovars, Kurdes ou Afghans sont arrivés là, poussés par les désordres du monde, fuyant la misère et l'oppression, refoulés de la "forteresse Europe" dans laquelle ils cherchent pourtant à vivre. Chacun, la nuit, risque sa vie en tentant de gagner l'Angleterre où la législation, réputée moins contraignante, devrait faciliter les insertion. Jacqueline Salmon se rend au hangar à deux reprises en 2001. Evitant de se laisser happer par des histoires individuelles et surtout de tomber dans le voyeurisme, elle photographie les lieux, les abris de fortune, les matelas et les lits de campas accolés ou les vêtements accrochés à des grilles. La misère et l'angoisse d'une fuite à l'issue incertaine ne sont ici que suggérées d'où la force et la pertinence de ces photographies. D'où la réflexion qu'elle provoque sur les causes et les effets des migrations et sur l'impuissance, voire l'indifférence de nos sociétés européennes à leur égard. Une situation qui n'est pas sans rapport avec celle que connaît la France, à la fin des années 1930 où des camps sont installés pour rassembler les réfugiés qui affluent. Bien que les circonstances soient très différentes, l'occasion est bonne, au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère de s'interroger sur la genèse et la réalité du camp dit "de transit" ou "d'internement", d'hier à aujourd'hui.