Abdon

D’un trait sûr et précis, Abdon dresse dans ce livre le portrait de ses camarades saisissant dans leur quotidien et toujours avec humour et tendresse, tel ou tel trait de leur caractère. Quelques coups de plume ou de crayon lui suffisent pour camper une scène et nous introduire avec humanisme dans l’intimité des êtres qui la vivent. Plus tard, il recompose de mémoire telle ou telle scène de bivouac, de marche ou de combat qu’il n’était pas temps de dessiner alors, usant du lavis pour lui donner du relief, mais toujours avec la même économie de moyen. Ils firent l’objet de la première exposition temporaire du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, celle que les visiteurs allaient découvrir en même temps que ce musée dont l’inauguration se préparait pour le 1er juillet 1994. « Maquis, 1943-1944 – Les dessins d’Abdon » allait être la première d’une longue série qui, depuis vingt ans, ne cesse de nourrir ce musée dans tous les sens du terme.

Si ce que l’on voit sur ces dessins paraît aujourd’hui naturel, voire normal a posteriori, n’oublions pas qu’ils relèvent aussi du choix de ceux qu’on fait ceux qu’ils représentent, à commencer par leur auteur, celui de la transgression que suppose obligatoirement la Résistance, jusqu’au péril de sa vie. L’indéfectible amitié qui les liait dans le grand danger auquel ils savaient s’exposer, les armes à la main, explique pourquoi ces moments les ont marqués à vie et pourquoi Jacques Barré les a dessinés.