Le développement urbain de Voiron entre le XVIIIe et le XXe siècles ; quelques repères
- Le développement de l’industrie toilière dans la seconde moitié du XVIIIe siècle génère la création du mail.
- L’arrivée du chemin de fer et la création de la gare en 1858 suscitent un nouveau quartier et permettent le développement industriel dans les autres quartiers (Paviot, Sermorens, Le Colombier).
- La réflexion sur le développement de la ville vers 1920 aboutit à l’aménagement de nouvelles rues, quartiers et lotissements…
Sur le mail
Au XVIIIe siècle, dame Sénozan, propriétaire d’un grand domaine situé au sud-ouest du bourg ancien, fait don d’une partie de son bien où est installé un jeu de mail* en 1780.
Le terrain de jeu devient une promenade publique. La commune l’acquiert et y installe des bancs « comme à Grenoble ».
En 1813, la ville de Voiron propose des travaux en vue de « l’amélioration de la splendeur de la ville » parmi lesquels figurent la plantation d’arbres sur le mail et construction d’un quai maçonné le long de la Morge, pour tenter de pallier à ses débordements.
D’autres parties de la propriété Sénozan sont cédées à la fin du XVIIIe siècle à des négociants et blanchisseurs en « toile de Voiron » qui y construisent leur demeure. Ces activités génèrent l’établissement d’hôtels et d’auberges à proximité.
Le plan de 1813 indique le nom des propriétaires des maisons situées le long du mail et du cours Sénozan.
* Ancêtre du jeu de croquet
Quand la ville se développe jusqu’à la gare
Plusieurs projets de développement urbain sont envisagés entre 1819 et 1850, comme en témoigne la confection de différents plans.
En 1841 l’architecte-voyer France établit un « plan général » de la ville sur lequel il dessine très précisément les îlots à construire près de la gare projetée. Celle-ci stimule l’implantation d’immeubles d’habitation, d’ateliers et d’usines, édifiés entre 1860 et 1900 dans ce nouveau quartier.
Les immeubles construits entre 1870 et 1910 dans le quartier s’inscrivent dans la typologie de l’immeuble haussmannien, qui, rappelons-le, se caractérise par son ampleur, l’usage de gabarits donnant des volumes similaires aux constructions, l’ordonnancement et l’ornementation qui le soulignent.
Ces immeubles, dits de rapport, répondent à une opération immobilière destinée à créer des appartements à louer à chaque étage, ce qui en fait des édifices plus élevés que les maisons d’habitation.
Les immeubles sont construits sur de vastes parcelles, en moellons de pierre, enduits pour la façade sur rue. Les fenêtres de taille égale jouissent souvent de riches décors en ciment moulé sur leur encadrement, tandis qu’un lambrequin dissimule le store. Seul le dernier étage a un balcon filant, les autres plus réduits rythment la façade ou se limitent à des garde-corps.
Très haut, le rez-de-chaussée accueille le plus souvent une activité commerciale.
Ce quartier, unique en voironnais par la concentration de ce type d’immeubles, est à mettre en regard avec ceux construits à Grenoble à la même époque.
La ville au XXe siècle
Le « plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension » dit « plan général », établi en 1923, s’inscrit dans le cadre législatif français de la loi Cornudet de 1919, complétée en 1924. Elle oblige les communes « de plus de 10 000 habitants » à se doter d’un projet d’aménagement qui intègre les trois aspects : esthétique, hygiène et circulation.
Plusieurs plans, dont certains à l’échelle du quartier, sont créés pour Voiron par l’ingénieur-conseil Raché afin d’envisager le tracé de nouvelles voies reliant les quartiers entre eux et à l’ancien bourg médiéval.