Le vitrail du XXe siècle en Pays voironnais

L’inventaire départemental mené sur le territoire du Pays voironnais a révélé la présence d’un grand nombre de verrières du XXe siècle dans les églises et chapelles, mais aussi couvents et monastères, ainsi que dans les édifices d’enseignement.

Les édifices présentés ici retracent l’évolution opérée au cours du XXe siècle tant du point de vue du choix iconographique que de la technique de vitrail adoptés.

Eglise de Charavines, détail vitrail, Paul Montfollet © Patrimoine culturel © Patrimoine culturel
Eglise de Charavines, détail vitrail, Paul Montfollet © Patrimoine culturel

Classicisme et esprit patriotique (première moitié du XXe siècle)

Les églises construites ou habillées de vitraux dans la première moitié du XXe siècle sur ce territoire empruntent encore à l’iconographie et au mode de fabrication mises au point depuis le Moyen-Age.

L’église Saint-Valère de Rives

Construite par l’architecte diocésain Berruyer entre 1893 et 1897, elle est ornée de vitraux réalisés par trois maîtres-verriers français majeurs, qui se succèdent entre 1902 et 1943. En regardant l'ensemble des verrières de cette église, on perçoit une amorce d’évolution iconographique et technique.

Le peintre sur verre lyonnais Lucien Bégule (1848 - 1935) réalise en 1902 les cinq vitraux du chœur. La contrainte architecturale des lancettes fait adopter une disposition classique en trois parties. Au milieu, les figures des saints Pierre, Paul, Jean-Baptiste, Bruno et le Bon Pasteur y sont présentées en pied et de face dans l’espace étroit de la lancette. Elles sont complétées par une scène de la vie du saint placée en-dessous, et des motifs décoratifs au-dessus.

Une attention particulière est portée par Bégule aux visages, qu’il rend très réalistes.

Félix Gaudin (1851 - 1930), maître-verrier parisien originaire de Clermont-Ferrand, est l'auteur d'une série de verrières à la suite du vœu paroissial de septembre 1914 pour « sauver la France des hontes et des ruines de la défaite ». Il réalise cet ensemble original en collaboration avec les cartonniers Raphaël Freida et Eugène Grasset entre 1918 et 1922.

Une galerie de personnages illustres de l'histoire de France guidés par l'inspiration divine, de Clovis à Jeanne d'Arc et de la Bataille de Bouvines à la victoire de 1918, en passant par le Vœu de Louis XIII, se déroule en  dix tableaux. Le maître-verrier, qui a eu une carrière militaire avant d’entamer celle de verrier, donne à cet ensemble un esprit  « patriotique » et guerrier à vocation pédagogique (le titre de chacune des scènes est inscrit en bas), bien caractéristique de cette époque. De nombreuses références picturales ont inspiré ce programme iconographique, notamment le tableau de la Bataille de Poitiers par Charles de Steuben, conservé au château de  Versailles.

Entre 1940 et 1943, pendant la guerre, le maître-verrier grenoblois Louis Balmet réalise une série de vitraux relatant les vies de Saint-Valère (évêque dans l'Antiquité) et de Sainte Béatrix d’Ornacieux (moniale chartreuse à Parménie au Moyen-Age). On peut supposer que le choix d’illustrer la vie de saints vénérés localement s’inscrit également dans un esprit patriotique.

Bibliographie :

- Brochure rédigée par l’abbé Joseph Micouloux, curé de Rives à l’origine de la commande (1922),

 - Sylvie Vincent, Les vitraux de l'église de Rives ou le regard d'un homme d'église sur l'Histoire de France , article extrait de « Pierres de mémoire », PUG, 2000,

- Jean-François Luneau,  Félix Gaudin, maître-verrier. Thèse de doctorat,  Presses Universitaires de Clermont-Ferrand, 2006.

L'église Saint Jean Baptiste à Saint-Jean-de-Moirans

Le curé Louis Jouve fait réaliser en 1941 les vitraux du chœur et du transept de l’église Saint Jean-Baptiste à Saint-Jean-de-Moirans, par le maître-verrier Louis Balmet en souvenir de la promesse faite le 23 juin 1940, jour de l'entrée des Allemands à Saint-Jean de Moirans, en échange de la protection de saint Jean-Baptiste.

L’édifice présente des baies à remplages gothiques, dans lesquelles l’artiste a adapté ses vitraux. L’abside accueille les verrières des  trois patrons de la paroisse : Saint Joseph (à gauche), Saint-Jean-Baptiste (au centre) et Saint Pierre (à droite).

A l’exception du saint Jean-Baptiste dont l’attitude est plus recherchée, c’est
une présentation statique des saints, debout, de face dans une niche en accolade, sur un fond bleu. La peinture sur verre est utilisée seulement pour les ombres et les modelés (costume) et les parties du corps (visages, mains…).
Les deux verrières du transept se font face : Notre-Dame de Lourdes (côté nord) et Sainte Marguerite et la vision du sacré Cœur (côté sud). Sous chaque scène, une inscription en latin s'adressant au Cœur sacré de Jésus ou de Marie, et la représentation des édifices référents que sont le Sacré Cœur de Montmartre et la basilique de Lourdes.

La dalle de verre et l’abstraction (deuxième moitié du XXe siècle)

L’invention du vitrail en dalle de verre

La technique de la dalle de verre est mise au point vers 1927, à l’initiative du verrier Jean Gaudin qui l’utilise dans les églises reconstruites dans le Pas-de-Calais (62) après la Première Guerre mondiale. Auguste Labouret dépose en 1933 le brevet d’invention du « vitrail en dalles éclatées à réseau de ciment ».

Il s’agit de pavés de verre moulés, puis fabriqués industriellement à partir des années 1950, associés par une armature métallique parfois doublée de béton ou de résine. Cette technique permet de réaliser des murs de verre, et de sortir du cadre restreint de la fenêtre. Le béton renouvelle les réseaux de formes tout en évoquant les divisions traditionnelles en pierre.

 

Chapelle des Rédemptoristes, Tullins, Paul Montfollet © Patrimoine culturel
Chapelle des Rédemptoristes, Tullins, Paul Montfollet © Patrimoine culturel

La chapelle du collège des Rédemptoristes de Tullins ; un ensemble de vitraux en dalle de verre (1947)

L’ancien domaine du Clos des Chartreux était depuis 1945 la propriété de la Congrégation des Rédemptoristes qui y installe un collège. En 1956 la chapelle est construite par Gaspard Jacoud, architecte de la congrégation de Saint-Etienne. Le maître-verrier grenoblois Paul Montfollet (1909 - 1997), ancien collaborateur de Buche et de Bessac, fonde son propre atelier en 1943. Il reçoit en 1957 la commande d’un ensemble de vitraux, dallage, et de décors intérieurs. Ces derniers disparaissent au moment du départ des Rédemptoristes en 1974.

Vue générale du site vers 1960 ; la demeure transformée en maison patronale (actuellement mairie de Tullins) et le collège © Fonds Meyer, Patrimoine culturel
Vue générale du site vers 1960 ; la demeure transformée en maison patronale (actuellement mairie de Tullins) et le collège © Fonds Meyer, Patrimoine culturel
Le nouveau collège et la chapelle, située sur la gauche © Fonds Meyer, Patrimoine culturel
Le nouveau collège et la chapelle, située sur la gauche © Fonds Meyer, Patrimoine culturel
Vue générale actuelle de la chapelle et des vitraux de Paul Montfollet © Patrimoine culturel
Vue générale actuelle de la chapelle et des vitraux de Paul Montfollet © Patrimoine culturel

La chapelle des Clarisses de Voreppe

Cette chapelle est construite entre 1965 et 1968, les premiers vitraux sont réalisés en 1984 par Louis Christolhomme.

Adoptant une représentation symbolique des écritures bibliques et des écrits franciscains, dix-sept vitraux évoquent la vie de sainte Claire d’Assise, la  légende de saint François et les oiseaux, les vertus théologales (espérance, foi, charité) et représentent les  monastères construits sur la colline de Voreppe.

Vue générale de la chapelle des Clarisses de Voreppe © Patrimoine culturel
Vue générale de la chapelle des Clarisses de Voreppe © Patrimoine culturel
La chapelle des Clarisses de Voreppe, cycle Saint François et les oiseaux, Louis Christolhomme © Patrimoine culturel
La chapelle des Clarisses de Voreppe, cycle Saint François et les oiseaux, Louis Christolhomme © Patrimoine culturel

Carte des verrières du XXe siècle en pays voironnais

Cette carte présente un choix de verrières du XXe siècle répertoriées dans les églises lors de l'inventaire du pays voironnais.