Le palais du parlement, Grenoble
Initié par le Dauphin, le Conseil delphinal est installé dès 1340 à Grenoble et survit au transfert du Dauphiné à la France de 1349, pour devenir le troisième parlement de France en 1453. Il paraît avéré qu'une construction neuve destinée à cette institution ait été édifiée à la charnière des XVe et XVIe siècles. Le plan en forme d'équerre, articulé autour d'une chapelle, étend une aile le long de la place Saint-André vers l'ouest (disparue à l'exception de sa porte) et une autre en direction de l'Isère vers le nord. Autour de cet élément primordial, la croissance du palais se fait peu à peu par des réaffectations, des rachats de maisons particulières, des reconstructions. Le plan en équerre devient un plan en T avec la construction de la façade de style Renaissance, à l'est de la chapelle, sur la place Saint-André, puis se complexifie.
Le palais se trouve donc dès le XVIe siècle constitué grossièrement de trois secteurs, chacun joignant la place à l'Isère.
Au levant se trouve la Chambre des Comptes (disparue), au centre le Parlement, au couchant la Conciergerie [prisons] (disparue). La croissance et la multiplication des institutions utilisatrices expliquent l'extension des lieux. Divers aléas (incendies, inondations) contraignent aussi les travaux à aller parfois bien au-delà de la réparation.
D'importants décors intérieurs (boiseries, plafonds) viennent enrichir les lieux. L'ensemble est totalement imbriqué dans la continuité du tissu urbain : un jeu de paume donne sur la prison, des boutiques et ateliers sont installés de-ci de-là, un passage public très fréquenté vers l'Isère traverse cours et bâtiments...
Le XIXe siècle bouleverse très profondément l'héritage des siècles précédents.
L'amputation de la chapelle par un escalier alerte Prosper Mérimée, Inspecteur général des Monuments historiques, et met en exergue les « parties anciennes » dont le classement, envisagé dès 1841, intervient le 12 juillet 1886.
De 1842 à 1889, les projets se succèdent car le bâtiment est en fort mauvais état et les magistrats souhaitent qu'il soit « isolé des propriétés particulières ». Riondel père et fils, architectes départementaux, puis Honoré Daumet, grand prix de Rome en charge de la prestigieuse reconstruction du château de Chantilly et du palais de Justice de Paris, élaborent des propositions qui toutes régularisent et monumentalisent l'ensemble, en préservant peu ou prou les parties anciennes. L'ample reconstruction (en site occupé) se fait à partir de 1890 par tranches, mettant à jour au passage des vestiges d'enceinte romaine. A l'ouest apparaissent salle des Assises, cellules, bibliothèque de la Cour d'Appel....
L'état de vétusté de l'aile centrale impose sa reconstruction, reproduisant dimensions et dispositions antérieures ainsi que les décors (salle des audiences solennelles, salon bleu).
L'inauguration d'août 1897 par le président de la République donne à la Justice un cadre solennel et très caractéristique du XIXe siècle
La suppression des parlements en 1790 a peu de conséquences sur le bâtiment du palais, malgré son rôle récent dans la Journée des Tuiles.
En septembre 2002, les fonctions judiciaires, trop à l'étroit, s'installent dans un nouveau palais de justice. L'édifice, protégé au titre des Monuments historiques depuis 1992 est désormais propriété du Département de l'Isère.
Depuis avril 2011, le rez-de-chaussée du bâtiment accueille Isère tourisme et les services de la direction de la culture et du patrimoine du Département de l'Isère (direction, pôle ressources, service du patrimoine culturel, service du développement culturel et de la coopération internationale). Près de 50 personnes y travaillent actuellement.
Aujourd'hui, un projet de requalification est en cours. En savoir plus.