Les croix monumentales en Pays Voironnais

Le Pays Voironnais est riche de ce patrimoine, et les plus fortes densités de croix s’observent dans les communes rurales des contreforts de la Chartreuse ou du plateau entre Rives et Voiron, tandis que la plaine inondable de l’Isère en est pratiquement dépourvue.

Les croix anciennes

Si la première mention sur le territoire remonte à 1312 (ancienne Croix de Viapre, à Charavines), les plus anciennes croix encore en place datent du milieu du XVIIe siècle et se situent sur un territoire assez restreint couvrant l'ancienne seigneurie de Vaulserre et les balcons de Chartreuse. À l'exception de la croix des Michauds (1677), en fer forgé, elles sont taillées dans un calcaire local assez clair, adoptent le plus souvent une section ronde avec fût monolithe élancé au profil tronconique, reposant sur un dé cubique et complété d'un court croisillon. Elles portent une date, une mention ou des initiales du donateur, voire l'inscription «INRI», à la croisée ou sur un petit bandeau en relief. Cette forme et ses variantes étaient probablement issues d'un ou plusieurs ateliers locaux non identifiés mais ayant également oeuvré à Miribel-les-Echelles ou sont érigées de nombreuses croix du même type.

Les croix au XIXe et XXe siècles

A la période destructrice de la Révolution succède un XIXe siècle de rechristianisation. Les occasions de commémorer des personnes, un évènement, un vœu ou un jubilé se multiplient pour témoigner de la vitalité de la foi. D'anciennes croix de chemin sont remployées, de nouvelles sont érigées, en particulier dans les hameaux éloignés où les habitants viennent prier au pied des croix.

 

Le travail du métal

On assiste à la diversification des matériaux et des mises en œuvre ; la pierre calcaire reste très largement utilisée, en association avec le fer forgé, voire le fer profilé industriel au XXe. Le fer forgé s’agrémente dès les années 1840  d'éléments décoratifs en tôle et en fonte tels que palmettes, gloires rayonnantes, cœurs, étoiles et pampres de vigne. Les modèles se fabriquent alors en série, et intègrent parfois des éléments figuratifs ou historiés rapportés, en fonte moulée. Ils reprennent, dans certains cas, la tradition des croix aux instruments de la Passion, comme la croix de mission à Merlas (1868).

Vers la fin du siècle se diffusent aussi les croix en fonte de petites dimensions, proposées sur catalogue, et dont l’usage principal reste associé aux tombes des cimetières. Elles sont souvent ornées de figures d’angelots, de vierges ou de crucifix comme la croix de Charat (1882) à Saint-Étienne-de-Crossey.

La pierre

Après 1850, le travail de la pierre évolue avec l'usage préférentiel de calcaire provenant parfois de carrières éloignées, puis avec l'emploi de procédés semi-industriels permettant de nouveaux gabarits de taille, à l'image de la Croix Morin (1896) à Voiron ou encore de celle dressée devant le couvent des Dominicains à Coublevie qui traduit l'influence d'un design plus moderne, brut et épuré.

Le bois

Probablement de tradition ancienne, de grandes croix en bois rurales - adossées aux murs des dépendances qui les abritent de leur dépassée de toiture -  continuent à être érigées au XIXe et au XXe siècle. Elles sont taillées, creusées d’une niche abritant une figure de saint ou de la Vierge ou ornées de symboles. On en retrouve encore aujourd'hui principalement dans les hameaux ruraux entre plaine et colline, comme par exemple autour de Chirens

Et maintenant ?

Si l'on exclut les croix de sommet qui se multiplient avec le développement des loisirs alpins, l’érection de croix décline, de manière générale, dans la seconde moitié du XXe siècle. Elles sont parfois remplacées par des modèles plus sommaires.

Aujourd'hui, avec la prise de conscience de leur valeur historique et patrimoniale, des associations se créent ici et là pour les relever. Généralement érigées sur un emplacement proche de la voirie publique et d'initiative privée, elles sont peu protégées des projets d'aménagement  de voirie, de réseaux et de la signalétique. Si les déplacements, les ré-assemblages existent depuis toujours, les pratiques de sablage, de reprises au ciment ou de substitution de parties anciennes menacent leur intégrité et leur signification. En l'absence de documents d'archives, il peut alors devenir très difficile d'identifier leur emplacement et leur aspect d'origine ainsi que les intentions qui ont présidé à leur érection. Souhaitons donc qu'elles puissent être à l'avenir mieux étudiées avant toute intervention.

Pour en savoir plus sur les croix monumentales, c'est par ici.

Eglise et croix sur la place de Saint-Geoire-en-Valdaine