Découverte d’une pierre à Cupules à Venon

La commune de Venon possède un patrimoine varié, en particulier son église paroissiale, dédiée à saint Christophe, qui bénéficie d’un Label du patrimoine de l’Isère. Les travaux réalisés ces dernières années ont permis la mise au jour et la restauration de deux niveaux de décor peint, datés des XIVe et XVe siècles, aujourd’hui visibles dans le chœur. Le Département de l’Isère accompagne la commune et l’association « Venon, Paysage  et Patrimoine», dans leurs projets de travaux comme dans les recherches historiques et archéologiques. Un inventaire du mobilier religieux a été réalisé et une publication sur l’église est en cours. C’est au cours des préparatifs de cet ouvrage que, faisant un bilan des découvertes ayant eu lieu sur le territoire de la commune, l’attention a été attirée sur un bloc gravé. Alerté, le service du Patrimoine a mis l’association en relation avec un spécialiste de la question, qui a authentifié l’objet : il s’agit bien d’une pierre-à-cupules, nom donné à ces petites cavités creusées sur certains blocs erratiques. Plus d’une trentaine de ces rochers abandonnés par les glaciers et gravés de la main de l’homme ont été identifiés en Isère. Leur interprétation reste mystérieuse : rites agraires ou autres cultes, forme simplifiée du mégalithisme ? Et leur datation souvent délicate, bien qu’on les attribue à la période néolithique ou à l’Âge du Bronze (entre 5000 et 750 av. J.-C.).

Pierre à cupules, Venon (c) N. Schlosser

Hugues Chatain et l’association « Venon, Paysage et Patrimoine » racontent …

Pierre à cupules, Venon (c) N. Schlosser

Grâce à la sagacité de l’association Venon Paysage et Patrimoine, une pierre à cupules vient d’être révélée sur la commune de Venon. Il s’agit d’un bloc erratique de forme grossièrement parallélépipédique d’une hauteur de 1,70 m pour 0,75 cm de large. Sa base est enfoncée d’une dizaine de cm dans le sol. Ce bloc porte, un ensemble assez homogène et dense de cupules de petite taille (diam.  3/5 cm), peu profondes (0,5/2 cm) sur la partie plane de sa face principale ainsi que sur le haut, incurvé, de cette dernière. Rompant totalement avec l’ensemble décrit ci-dessus la pointe sommitale porte un groupe de trois cupules très régulières et plus marquées. Outre les cupules, un éclairage rasant révèle, sur la face principale, quelques gravures, linéaires ou courbes, d’une largeur presqu’identique au diamètre des cupules. Plutôt que de canaux joignant des cupules au demeurant bien marquées, il semble s’agir ici de gravures creusées en joignant et prenant la place de cupules pré-existantes. On remarque aussi sur la face gauche du bloc un ensemble de cinq petites stries parallèles ainsi que deux autres marques en chevron. Leur origine ne peut, en l’état, être déterminée précisément.

Cette pierre à cupules est fichée dans le jardin d’une propriété privée. Elle proviendrait du lieu-dit « La ville » situé plus en hauteur et à peu de distance. Initialement le bloc a vraisemblablement dut être gravé en position couchée, puis, dans une deuxième phase, dressé, permettant ainsi la gravure sur son sommet du groupe des trois cupules, qui s’explique difficilement autrement.

Fait du hasard ? Existe-t-il un lien entre cette pierre et le nom d’un ancien restaurant, à proximité du lieu-dit « la ville », baptisé le menhir ? Appellation qui persiste pour nommer les bâtiments qui lui ont succédé. Apparu dans le langage commun au XIXe siècle, ce nom témoignerait alors de la persistance dans la mentalité collective du lieu d’un « statut » particulier de cette pierre gravée. Ce bloc est la première pierre à cupules découverte dans le secteur du Grésivaudan en rive gauche de l’Isère.