Inventaire "Les villes à l'âge industriel"

Les écoles professionnelles nationales

Vue générale de l'Ecole nationale professionnelle de filles de Vizille, vers 1935, photographie Lucien Beaugers © Archives départementales de l'Isère
Vue générale de l'Ecole nationale professionnelle de filles de Vizille, vers 1935, photographie Lucien Beaugers © Archives départementales de l'Isère

En 1880, la IIIe République et Jules Ferry décident de créer trois écoles professionnelles nationales, établies à Armentières, Vierzon et Voiron, avec l’ambition de « …placer le travail manuel dans l’école et lui donner la place d’honneur, aux côtés du compas, de la carte géographique et du livre d’histoire ». Cette vaste ambition se traduit par la construction par l’Etat d’écoles importantes où l’enseignement classique côtoie l’enseignement technique. Celle de Voiron est construite en 1886 par l’architecte Bouvard. D’autres écoles professionnelles sont construites en France à partir des années 1898 et jusqu’en 1935, formant un ensemble de trente établissements dont six pour filles, parmi lequel figure celle de Vizille, construite en 1935.  D’autre part, en 1920, les cours professionnels de commerce et d’industrie deviennent obligatoires, c’est la raison de la multiplication des écoles. Certaines communes construisent des établissements accueillant les cours, d’autres adaptent des locaux pour y accueillir les enseignements.

L'école professionnelle de Vizille

À Vizille, l’école nationale est créée pour développer l’enseignement technique féminin - la première du genre - dans un but social, clairement affiché. La commune a mis à disposition un vaste terrain, de 3 ha, situé au sud de l’agglomération, face au parc du château. L’espace, l’accès et le cadre paysager en motivent le choix. Le Ministère de l’Education Nationale a fait appel aux architectes parisiens Robert Fournez et Louis Sainsaulieu, qui s'associent également pour construire l’école professionnelle de Metz au même moment. Tous deux accompagnent aussi individuellement les industriels du Grésivaudan dans leurs projets de construction d’habitat à Brignoud et d’usine à Lancey.

Plan de l'école professionnelle de Vizille, 1935 © Bibliothèque cité de l'architecture
Plan de l'école professionnelle de Vizille, 1935 © Bibliothèque cité de l'architecture

Pour ce qui est du style architectural, l’architecte Frédéric Henry consacre un article à l’école dans la revue L’architecture au moment de son achèvement, en 1935. Il y décrit une forte pente de toiture en tuile écaille, typique de l’architecture locale. Par ailleurs, il attribue le fronton surbaissé à une inspiration baroque de l’Italie voisine alors que la polychromie rose pâle rappelle les constructions des pays nordiques, les quartiers modernes d’Amsterdam ou les revêtements de certaines maisons paysannes de Chartreuse.

Dans l’esprit de l’Entre-Deux Guerres, il met l’accent sur la dimension internationale de l’architecture tout en cherchant l’échelle humaine et l’harmonie.

L’ensemble s’organise selon un plan en U, assez classique autour de deux ailes symétriques, avec les ateliers et le gymnase placés à l’arrière. Dans son article, Frédéric Henry porte son attention sur le plan simple, avec la rotonde de la surveillante placée dans l’axe central. Il considère l’usage d’une grille d’honneur et non plus une muraille pour clôturer l’ensemble comme une nouveauté. Il souligne la clarté, rendue possible par le plan et les ouvertures, ainsi que l’éclairage par l’électricité.

Les jeunes filles dans la cour, sans date, photographie Lucien Beaugers © Archives départementales de l'Isère
Les jeunes filles dans la cour, sans date, photographie Lucien Beaugers © Archives départementales de l'Isère
L’aile nord, vers 1935, photographie Lucien Beaugers © Archives départementales de l'Isère
L’aile nord, vers 1935, photographie Lucien Beaugers © Archives départementales de l'Isère
Vue générale 2021
Vue générale 2021

L'architecte...

Robert Fournez est un architecte éclectique et connaît la région. Il construit l’usine Paul Girod à Ugine, et des habitations à Ugine et Brignoud. Il est également associé à Sainsaulieu pour l’aménagement des blocs opératoires du sanatorium de Saint-Hilaire du Touvet, construit par Alfred Rome et J. Sage en 1933.