Structuration d'un itinéraire culturel au Sénégal oriental

Le Sénégal Oriental présente des richesses culturelles et naturelles singulières, reconnues au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce territoire montagneux, accolé au Mali et à la Guinée, est connu pour la beauté de ses paysages et la diversité des sociétés dont les cultures originales ont été préservées. Il accueille, en effet, une grande variété de « groupes culturels » dont les Bassari, les Bédik, les Coniagui, ou encore les Dialonké. Il abrite aussi une forte communauté de Peul sédentarisés qui ont réussi une remarquable synthèse culturelle articulée à un aménagement paysager basé sur l’adaptation aux contraintes du milieu. Ces différents « groupes culturels » ont des valeurs spécifiques profondément ancrées dans les terroirs, et se sont développés dans des espaces naturels remarquables. Cette osmose se traduit dans un aménagement sophistiqué de l’espace, dans des formes architecturales variées, dans la fonctionnalité des technologies endogènes, dans la richesse des rites et cérémonies qui ponctuent l’année agraire et les étapes de la vie sociale. Ces rites et cérémonies constituent un patrimoine immatériel singulier.

Dans ce contexte culturel particulièrement riche et en considération des enjeux auxquels est confronté le territoire (exode rural, dégradation de l’environnement, perte des « mémoires », faible accès aux services essentiels), la structuration d’un grand itinéraire culturel apparaît comme une évidence pour tous. L’itinéraire permettra de valoriser et promouvoir les territoires et le patrimoine de ces ethnies, de mettre en lumière les richesses et la singularité de ce territoire, de favoriser les échanges et les interactions entre les communautés.

Le patrimoine est considéré comme un vecteur de développement économique, d’amélioration des conditions de vie, de lien social et de gouvernance territoriale. Ce grand itinéraire culturel est pensé comme un levier pour le développement économique (via le tourisme). L’activité touristique doit permettre des retombées directes (guidage, hébergement, artisanat…) et indirectes (accès à l’eau, à l’énergie, à la santé…).

Afin de contribuer au développement économique et à la préservation du territoire, ce programme aura pour objectif général de structurer un itinéraire culturel au Sénégal Oriental tout en préservant les patrimoines et la transmission des savoirs.

Le programme est structuré autour de 3 grandes thématiques :

• Le développement économique du territoire grâce à un accès durable aux ressources ;
• Le renforcement de l’identité du territoire en préservant et valorisant les patrimoines ;
• L’accompagnement de la société civile et le renforcement de la gouvernance locale.

La dynamique impulsée sur le territoire permet de contribuer à la sauvegarde des patrimoines culturels et naturels.

Afin de mener à bien ce programme, un consortium d’opérateurs techniques a été constitué et est composé des associations suivantes : Hydraulique Sans Frontières (HSF), Energie Sans Frontières (ESF), Aide Médicale et Développement (AMD) et l’Association des Minorités Ethniques (AME).

Au-delà de l’intérêt de la mobilisation de compétences multisectorielles, ce dispositif permet de faire travailler ensemble différents opérateurs techniques pour une harmonisation des logiques territoriales de développement. 

Ce programme est soutenu par l’Agence Française de Développement (co-financement de 60%) pour une durée de trois ans, reconductible à deux reprises. Le budget du programme est d’environ 1 400 000 euros.

L’un des attendus de ce projet est le renforcement de l’identité territoriale à travers l’appropriation par les populations et leur implication dans les dynamiques liées à la création d’un itinéraire culturel. Le projet doit permettre de capitaliser les méthodes et outils employés, et qu’ils soient maitrisés par les acteurs territoriaux et les autorités locales.

L’autre attendu de ce projet est la mise en place d’une réflexion à une gouvernance partagée de l’itinéraire qui engage les autorités et acteurs locaux à plus ou moins long terme. Cet itinéraire culturel étant un projet concret commun et fédérateur sur le territoire, le but est de stimuler cette collaboration entre l'Etat, les Départements, communes et villages et de favoriser la coordination afin de répondre à des défis communs. L’enjeu à moyen terme du programme « Sur la piste du Caméléon » est de structurer une instance de gouvernance qui ait la charge de l’animation et de la gestion de l’itinéraire.

Ainsi, la structuration d’un grand itinéraire culturel doit permettre de démontrer que le développement touristique et la mise en valeur des patrimoines matériels et immatériels génèrent assez de revenus pour permettre aux populations et aux acteurs privés de mieux vivre et de préserver les espaces naturels en ancrant les populations sur leur territoire. La pérennité financière se situe à plusieurs niveaux. Elle concerne la durabilité économique du territoire et de ses acteurs, notamment grâce à l’augmentation des revenus du tourisme et ainsi contribuer au cercle vertueux de la croissance économique durable. L'objectif est de pérenniser le projet qui pourra être porté par les structures locales. 

Article écrit par Tétraktys