L’Alpe 31 | Subjuguante Maurienne
Musée dauphinois
La montagne enserre de toutes parts une étroite voie de communication millénaire. Dès que l'on s'élève, cet axe majeur de pénétration des Alpes occidentales offre toutefois d'immenses espaces dévolus à l'élevage et au tourisme. Des dizaines de milliers d'ovins et de bovins durant la belle saison, et tout autant de touristes hiver comme été, parcourent chaque année les paysages somptueux de la Maurienne à la recherche d'herbe, d'air pur ou de contemplation.
Si le passage fameux du Mont-Cenis fut emprunté dès la préhistoire par un grand nombre de voyageurs dont plusieurs ont laissé des traces, il n'en reste pas moins que les villages d'altitude, isolés durant les longs mois de la mauvaise saison, restèrent tout au long du XXe siècle de véritables conservatoires montagnards. C'est à Bessans qu'Eugénie Goldstern rassembla, à l'aube de la première guerre mondiale, les matériaux de sa thèse de doctorat considérée aujourd'hui comme un travail fondateur de l'ethnographie alpine.
Chemins et routes, gravures rupestres et fortifications en tous genres, abbayes, chapelles et retables baroques témoignent à foison des échanges soutenus et constants le long de cette vallée ouverte sur la Dora Riparia, Turin et l'Italie toute entière. Où l'on voit là une fois de plus et de façon éclatante que les Alpes ne furent jamais un obstacle mais plutôt un lien puissant entre les hommes et leurs idées. André Pitte.
Sommaire :
- « Déconcertante Maurienne » Là haut, le soleil brille fort et l'on est tenté d'oublier le fond de vallée. La Maurienne représente pourtant l'artère vitale du pays en terme de communication et d'identité culturelle. Une histoire d'altitude ou d'attitudes ? Par Pierre Préau.
- « Des milliers de signes sur les roches » L'art rupestre offre un répertoire d'une richesse remarquable qui nous conte aujourd'hui la longue histoire de la Maurienne. Depuis la dernière glaciation, des figures ont été tracées par milliers sur les rochers. Une expression des croyances et des rituels dont la signification nous échappe encore et témoigne de cultures et de modes de pensée : celles des civilisations qui se sont succédé entre Saint-Michel-de-Maurienne et Bessans. Par Françoise Ballet.
- « Val de Suse : de la guerre à la paix » Passage obligé à travers les Alpes, Suse, capitale du royaume de Cottius, joua de sa position stratégique au pied du massif du Mont-Cenis. Née de l'alliance avec Rome, la province rassembla ainsi les principales vallées alpines, y compris celles situées sur l'autre versant comme la Maurienne, et marqua le début de leur romanisation. Par Bernard Dangréaux.
- « Mont-Cenis : porte d'Italie » Parmi les voyageurs ayant passé le col du Mont-Cenis, nombreux sont ceux qui, partagés entre l'effroi et l'enthousiasme, voulurent témoigner. La fascination demeure aujourd'hui car la « porte millénaire des Alpes » représente toujours davantage qu'un accès à la douce Italie. Tour à tour lieu d'échanges, d'innovations ou de confrontations… Par François Forray.
- « Chemin salant » Or blanc de jadis, le sel a perdu ses privilèges face à l'avancée des techniques de conservation. Retour sur cette glorieuse épopée et les traces qu'elle a pu laisser dans les paysages et sur les sentiers de la Vanoise. Par France Harvois et Pierre Witt.
- « Quand l'Europe se cherchait… » Les territoires transfrontaliers et leurs cultures de l'échange et du passage ont été bouleversés par la montée en puissance des nationalismes à partir du XIXe siècle. De formidables fortifications ont envahi les crêtes, bridant les coutumes et brisant les liens immémoriaux. De ces temps troublés subsiste, à l'heure de l'Union européenne, un bel héritage architectural à faire revivre… ensemble. Ce à quoi on s'est attaché des deux côtés. Par Philippe Raffaelli.
- « Irréductibles montagnards » Un hameau perché à 2 000 mètres d'altitude résiste encore au fond de l'une des plus belles vallées mauriennaise. Faisant fi de la neige et des avalanches, ses habitants ont longtemps affirmé leur autonomie en se forgeant une originalité culturelle partagée entre Savoie et Piémont. Par Jean-Loup Fontana.
- "Veaux, vaches, cochons » La vie pastorale a laissé en Maurienne l'empreinte d'une culture très originale. Depuis les petites montagnes jusqu'à la grande transhumance, le quotidien de ses habitants s'est longtemps confondu avec celui de ses troupeaux. Certains échos résonnent encore de l'aval à l'amont de la vallée. Par Charles et Françoise Gardelle.
- « Une rencontre en mémoire » De Vienne jusqu'à Bessans, deux regards en surimpression au-delà du temps. Les écrits d'une jeune ethnographe autrichienne sur un monde oublié est mis en abîme par sa relecture in situ bien des décennies plus tard. Réactions, interrogations et images fugitives réunies dans une même douleur par l'histoire du siècle. Par Valentina Zingari.
- « Fils d'usines » La mémoire ouvrière de la Savoie vient de faire l'objet d'un magnifique ouvrage de Michel Étiévent qui regroupe documents photographiques anciens et témoignages d'acteurs ayant vécu et travaillé dans ces sites industriels posés à l'ombre des Alpes. Belles pages mauriennaises…
- « Bleu de Termignon : tout un fromage » Rare et unique, le bleu de Termignon peut s'enorgueillir d'une histoire vieille de près de trois siècles. Son secret ? Les alpages de Termignon et le strict respect d'un savoir-faire ancestral. Dans ce pays d'élevage et de production laitière, on aime le travail patient et minutieux et on tient à le faire savoir. Récit d'une passion. Par Emmanuel Mingasson et Colette Dahan.