Raymond de Bérenger, marquis de Sassenage. L'aristocrate et la chambre noire

Comment et pourquoi cet aristocrate s'est-il pris de passion pour la photographie ? La fée Mélusine - dont les Bérenger disaient descendre - s'est-elle penchée sur son berceau, lui dispensant ses bienfaits ? Cet héritier d'une vieille lignée dauphinoise, après avoir délaissé la vie politique, disposait d'autant de moyens financiers que de temps. Ce sont, à cette époque, deux éléments qui importent pour se lancer dans la photographie, technique expérimentale empirique et d'intuition. La chambre noire consiste en un appareil optique, encore artisanal, très lourd et encombrant, peu maniable. Bérenger n'hésite cependant pas à l'utiliser dans des endroits escarpés de Sassenage et à choisir des points de vue audacieux. Le développement des photographies se révèle une opération chimique, jouant avec la sensibilité à la lumière des sels d'argent sur le papier, pratique délicate et salissante - nécessitant le port d'une blouse -, phase essentielle que notre photographe évoque dans son "autoportrait en chimiste". Cette intervention permet d'apporter une touche personnelle et de faire oeuvre de créateur. Par son art du cadrage, par son exploitation de la lumière et des lignes, notre amateur photographe manifeste maîtrise et sensibilité.