L'Alpe 77 | Le vélo. Petite reine de la montagne
Musée dauphinois
Deux cents ans après son invention par l’Allemand Karl Drais en 1817 (elle n’est encore qu’à l’état de « vélocipède »), la bicyclette connaît un engouement sans précédent en Europe. L’occasion était trop belle pour L’Alpe. Nous lui consacrons donc ce dossier pour rendre compte de ce qui est aujourd’hui un véritable phénomène de société.
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Le territoire alpin n’est pas étranger à cette évolution, aussi bien dans ses villes que dans ses montagnes. Philippe Bourdeau atteste ainsi de l’essor du cyclotourisme en Oisans et en Maurienne comme vecteur de développement économique, tout en mettant en garde contre un « tout-vélo », après un « tout-ski » qui a montré ses limites. Vladimir Vasak évoque quant à lui la place faite au vélo dans les aménagements des espaces urbains pour favoriser les déplacements de populations de plus en plus conquises par ce moyen de transport, en particulier pour les trajets professionnels.
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Petite reine de la montagne, la bicyclette renvoie bien sûr aux exploits sportifs de la Grande Boucle dont les Alpes constituent un passage obligé. Parmi ces noms d’ascensions mémorables devenus mythiques, l’Izoard figure en belle place, aux côtés du Galibier et de L’Alpe d’Huez. Des foules venues du monde entier se massent le long des routes du Tour pour suivre un rituel précis sur ces étapes tant attendues. « Un carnaval moderne », pour reprendre l’expression de Philippe Gaboriau, où les supporters pavoisent les couleurs de leurs champions. Des performances sportives dignes des prouesses des héros antiques dont le journal L’Équipe a contribué à forger le mythe, suscitant l’émerveillement de Guillaume Lebaudy lorsqu’il était enfant. Pourtant, la mémoire s’érode. Qui se souvient des Maurice Garin ou Alfredo Binda, champions du XXe siècle, qui, d’origine italienne, ont sans doute servi l’intégration des migrants transalpins en France en un temps d’italophobie ?
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Bien paisible nous semble, en contrepoint, la promenade en bicyclette de Mariette Nodet avec sa fille Lou en Norvège. Sur les traces des voyageurs du siècle des Lumières, mais sans autre objectif que la découverte des paysages et de leur poésie, l’auteur nous offre un joli moment de rêverie.
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Ce numéro de L’Alpe prouve une fois encore, s’il fallait le démontrer, que la montagne alpine est aussi une inépuisable source d’inspiration en consacrant un portfolio aux photographies d’Éric Bourret qui ont pris place dans les salles du Musée dauphinois. L’artiste-arpenteur, comme il aime se définir, travaille la matière des monts enneigés pour nous livrer des perceptions insoupçonnées. Une exposition associée au musée à celle d’Emmanuel Breteau qui sillonne le Trièves depuis plus de vingt ans et dont les images parviennent à saisir toute l’humanité. Comme si les deux photographes voulaient nous dire : « Voyez, les regards sur l’Alpe sont infinis. »
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Olivier Cogne
Directeur du Musée dauphinois