Orées, Jean-Patrice Rozand

Invité à présenter ses oeuvres dans les jardins du musée Hébert, Jean-Patrice Rozand a investi les lieux avec dix sculptures. Parmi celles-ci, six ont été réalisées pour cette occasion : hommage au domaine, alors pour lui "mystérieux" du peintre Ernest Hébert qu'il avait découvert enfant avec son grand-père. Rappel d'une période plus ancienne, un relief, montré dans le hall du musée, et quatre sculptures établissent le fil conducteur d'une carrière débutant en 1986 au musée de Valence. Par la suite, certains se souviendront d'avoir vu ses reliefs en 1990, au musée Géo-Charles d'Echirolles.

Malgré leurs dimensions importantes, ses sculptures semblent à peine ancrées dans le sol. Leurs bases, souvent légères, suggèrent parfois un équilibre aléatoire que dément la stabilité de l'assise. Sans afféterie superflue, elles se donnent aux regards, non sans réserve, occupant harmonieusement leur aire.

Leur oxydation, voulue par l'artiste, les inscrit dans le flux du temps, et, par là-même, évite l'écueil d'une finition évocatrice des produits manufacturés. L'aspect légèrement grenu et duveteux de leur patine colorée, si apte à recevoir les subtiles variations de la lumière, individualise chacune en quelque sorte. Marquée par l'usure des jours, évoquant les ridules de la peau, chaque sculpture paraît vivre alors plus complètement dans son environnement.

Immobiles, alternant repos et tension, vide et plein, élégantes dans leur charpente d'acier, les sculptures de Jean-Patrice Rozand s'élancent à l'assaut de la lumière, à la fois multiples et uniques.