Le développement des bourgs au Moyen Age en Pays Voironnais ; quelques repères

Moirans

Le bourg médiéval

L'agglomération de Moirans s'est développée depuis l'Antiquité sur un léger relief la mettant à l'abri des inondations. Les fouilles de l'église Saint-Pierre attestent une précoce christianisation.

Au tout début du XIIe s., le bourg se structure à partir de deux pôles, l'église avec son enclos et le château, dont la tour dite romaine est l'unique vestige.

Une enceinte quasiment disparue

Le dynamique bourg de Moirans, doté très tôt (1164) d'une charte de franchises ou de libertés fut sans doute protégé par deux enceintes successives, accolées au château. La première était-elle en bois ? La plus récente était longée par des fossés en eau et percée de quatre portes. Une de ces portes n'a été abattue qu'en 1720.

Rives

Des racines médiévales presque effacées

Rives constitue un exemple de village éclaté entre plusieurs points de fixation de l'habitat, qui correspondent à des périodes différentes : château et bourg médiéval, église paroissiale, village-rue plus tardif. Non loin de La Poype, une fortification de terre élevée en rive droite de la Fure, se dressait l'une des forteresses des seigneurs de Tullins, au lieudit évocateur de Châteaubourg. Dans la pente se trouvait les maisons du "bourg du château", mentionné en 1357.

Fortification de terre de la Poype © Patrimoine culturel
Fortification de terre de la Poype © Patrimoine culturel

Saint-Geoire-en-Valdaine

Du bourg vieux à la ville aux châteaux

L'organisation actuelle du bourg de Saint-Geoire ne paraît pas remonter à une période antérieure au dernier siècle du Moyen Âge. L'église dédiée à saint Georges existe avant 1107, sans doute dès lors au même emplacement que de nos jours. Sur la crête voisine, mieux adaptée à la défense, se dresse le château des seigneurs de Clermont. Les maisons du village, protégées par une enceinte avant 1302, se pressent dans la pente sous le château. Ce "bourg vieux" est peu à peu abandonné…

Un village disparu ?

C'est en contre-bas du château, dans une pente bien exposée aménagée en terrasses, que nous proposons de placer le village fortifié appelé "bourg vieux". Deux rues principales se rejoignent pour passer les deux portes.

Au XVe s., on abandonne petit à petit ce premier noyau tandis que des habitations sont bâties sur la crête voisine, près de l'église.

Tullins

Un château et ses bourgs

Comme à Rives, Voiron ou Saint-Geoire, une église ancienne s'élève en dehors de la première agglomération, ici dans une zone non inondable de la plaine. Le château bâti sur un relief proche attire à son pied les habitations d'un bourg dynamique, fortifié en deux temps.

Toute la crête qui domine le bourg était occupée par une fortification complexe, organisée en plusieurs enclos, aménagés sans doute progressivement. À la motte castrale et chapelle Saint-Barthélémy mentionnée au XIe siècle succède un château de pierre. Les textes évoquent grande salle, tour, cuisine et chambres, étables…

Plan château sur cadastre ancien. Hypothèse d'organisation du château (DAO A. Clavier). © Patrimoine culturel
Plan château sur cadastre ancien. Hypothèse d'organisation du château (DAO A. Clavier). © Patrimoine culturel

Une enceinte villageoise encore présente :  le bourg neuf

La seconde enceinte de Tullins est plus identifiable car elle a laissé des vestiges : la porte de Saint-Quentin et celle de Fure, dont le départ de voûte est bien visible. Comme à Moirans, Voiron ou Voreppe, les rues sont implantées avec régularité, perpendiculaires les unes aux autres et dessinant des îlots plus petits donc mieux desservis. La première mention certaine de la ville neuve de Tullins date de 1334-35.

Voiron

Le noyau originel

Le château de Voiron est mentionné pour la première fois en 1107. En contrebas, au niveau de la rue Haute, s'est développé un bourg dont l'archéologie démontre l'existence dès le XIe s. Au milieu du XIIIe s., Philippe de Savoie, seigneur de Voiron, engage un programme de reconstruction du château et d'extension du bourg avec enfermement de ce dernier derrière un rempart. Il fait alors appel à un architecte connu : Jacques de Saint-Georges.

L'enceinte

Cette enceinte a été construite dans le troisième quart du XIIIe s. Elle était fortifiée par des tours semi-circulaires ouvertes à la gorge, régulièrement réparties sur toute sa longueur. On accédait au bourg par trois portes : de Saint-Vincent, de La Buisse et des Moulins. L'ensemble était protégé par un fossé creusé à une dizaine de mètres du mur, laissant un espace libre, l'escarpe.

Un fragment du mur d'enceinte vers 1980. © Patrimoine culturel
Un fragment du mur d'enceinte vers 1980. © Patrimoine culturel
Fouille d'une tour de l'enceinte en 1988 © Patrimoine culturel
Fouille d'une tour de l'enceinte en 1988 © Patrimoine culturel

Voreppe

Châteauvieux et ville neuve

Pendant les périodes les plus tendues des conflits entre Savoie et Dauphiné, les deux belligérants renforcent leur frontière : création de nouvelles fortifications, construction d'enceintes autour des bourgs anciens, fondations de villes neuves comme à Voreppe, Réaumont, Chirens. Cette activité de construction est autorisée par une forte croissance économique et démographique, avant la grande peste de 1348.

Châteauvieux

Au dessus du hameau de Gachetière, perché à 350 mètres d'altitude, se trouvait l'ancienne forteresse delphinale de Voreppe. On sait peu de choses de cette fortification, qu'accompagnait un village disparu. Château et village sont abandonnés après la fondation de la ville neuve en 1314.

Voreppe, une ville neuve

En 1314, le dauphin Jean II fonde une ville neuve près de l'ancien prieuré Saint-Didier. Une charte de peuplement est octroyée aux futurs habitants qui devront défendre le territoire face aux savoyards installés à Voiron et Saint-Laurent-du-Pont. Le tracé de l'enceinte peut être restitué assez précisément grâce à une représentation du XVIIIe siècle : l'atlas de Dupuy.