Travaux sur les vestiges de l’ancien prieuré de Saint-Michel-de-Connexe
Que sait-on de ce site ?
Les débuts de l’histoire de ce prieuré « donné » une première fois à Cluny en 1065, puis à l’abbaye de Saint Chaffre dans les dernières années du XIe siècle, par un seigneur nommé Lantelme, sont consignés dans les cartulaires de ces deux grandes maisons.
Les ruines de l’ancienne église prieurale telles qu’elles apparaissent dans le dernier quart du XIXe siècle et le début du XXe, nous sont assez bien connues grâce à des photographies et quelques dessins lithographiques conservés à la Bibliothèque municipale de Grenoble.
On suppose que la nef de trois (ou quatre ?) travées était couverte d’un berceau en plein cintre, soutenu par des arcs doubleaux dont les retombées s’effectuaient sur des pilastres engagés dans les murs. Entre ces piles, étaient tendues des arcades aveugles, animant les murs, selon une forme assez fréquente dans la région pour les édifices du XIIe siècle (église de Mayres, Saint-Théoffrey, Saint-Arey, Saint-Christophe-de-Pâquier…).
Le chevet, s’organisait au-delà d’une croisée régulière couverte d’une coupole sur trompe que surmontait un clocher carré. Pour des raisons d’adaptation au terrain l’église est orientée vers le nord-est. L’étude des archives incite à penser que le chevet avait un plan triconque (en forme de trèfle), dispositif tout à fait inhabituel pour la région. L’autre aspect exceptionnel de ces vestiges réside dans l’existence d’une crypte. Sous le titre de Sainte-Appollonie, cette crypte qui s’étendait sous le chevet, se composait d’un corps central circulaire, couvert d’une voute annulaire, retombant au centre sur un unique pilier central, trois absidioles s’y ouvraient vers le nord. A l’opposé, l’espace s’ouvrait sur un réduit auquel se greffait deux autres absidioles en hémicycle. Deux couloirs contournant les piles de fondation de la croisée donnaient accès à ce sanctuaire souterrain.
Aujourd’hui
Les ruines de l’ancien prieuré Saint-Michel de Connexe, se trouvent isolées en plein bois sur les hauteurs de la commune de Champ-sur-Drac. Elles ne sont accessibles que par deux chemins de petite randonnée.
L’ensemble a été installé, à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle, sur un replat porté par un mur de soutènement dont subsiste une portion qui doit être consolidée. Les vestiges se présentent comme un ensemble de maçonneries conservées en élévation sur 4 à 5 mètres pour l’arc triomphal de l’église, des portions de murs plus ou moins importantes et des mouvements de terrain suggérant la présence de maçonneries disparues. L’ensemble, déboisé en 2013 par la commune est entretenu régulièrement par l’association « Un avenir pour le prieuré Saint-Michel-de-Connexe ».
Ces vestiges encore en élévation étaient en péril. Une intervention etait indispensable afin de stopper la ruine et conserver un minimum de ces maçonneries.
Les travaux
La commune et le Département de l’Isère sont propriétaires du site. La Direction de la Culture et du Patrimoine et son Service du Patrimoine culturel ont été chargés de la Maîtrise d’Ouvrage de cette opération de préservation et de sécurisation du site. Grâce également à la mobilisation de plusieurs acteurs (le service du Patrimoine culturel du Département de l’Isère, la commune de Champ-sur-Drac, l’Université de Grenoble-Alpes (avec l’implication de deux chercheurs), et l’association), ce projet de préservation de ce patrimoine a pu être engagé.
Suite à une procédure de recrutement d’une Maîtrise d’œuvre, un architecte du patrimoine mandataire a été missionné. Une première phase de « diagnostic » (début 2020) a permis de dresser « l’état des lieux » architectural, patrimonial, structurel et sanitaire de l’ensemble. Cette approche a été suivie par un projet (d’architecture, de paysage, de structure et d’économie) définissant des travaux de consolidation des vestiges et de sécurisation du site.
Des études antérieures avaient permis de dresser un relevé 3D de l’état des lieux (lasergrammétrie et photogrammétrie).
Un appel d’offre (automne 2020) à permis de retenir une entreprise spécialisée dans les travaux sur les édifices patrimoniaux. Elle est intervenue pour réaliser l’ensemble des travaux, de l’urgence de la consolidation des ruines, jusqu’à l’aménagement du parcours paysager et sécurisé. La préparation du chantier et les premiers travaux ont débuté par l’héliportage de l’installation et des matériaux, une première action impressionnante !!!
Durant cette « mise en place » , les archéologues ont pu intervenir pour réaliser des études et relevés en élévation. Dans un deuxième temps, une fois ces vestiges stabilisés, une campagne de fouille est prévue pour en découvrir davantage sur l’histoire et l’aspect original de ce lieu exceptionnel.
Les travaux ont démarré en février 2021 et ont pris fin en juillet 2021.