Un chemin de croix restauré

La commune de Jarrie a racheté il y a quelques années au Diocèse de Grenoble-Vienne un lieu de culte. A cette occasion, le service du patrimoine culturel en avait réalisé l’inventaire du mobilier. Dans le cadre de son Inventaire du patrimoine religieux du XXe siècle, petit retour aujourd’hui sur cet édifice et son chemin de croix, restauré depuis peu. 

Construite en 1936 dans un contexte de luttes sociales, cette église témoigne, par son vocable « Jésus Ouvrier » de la considération particulière, à cette période, des autorités catholiques pour la population ouvrière et évoque le mouvement des prêtres ouvriers qui se développera par la suite. On connaît d’autres exemples en Isère d’édifices construits ou réaménagés dans ce contexte, comme l’église du Pont-de Beauvoisin ou celle de Notre-Dame des Cités de Roussillon.

Lors de son acquisition, l’église de Jarrie possédait encore en partie son mobilier d’origine, très caractéristique des années 1930 et propriété paroissiale. Il a été déposé dans le cadre de la reconversion de l’édifice en salle des fêtes et restitué à la paroisse Saint-Paul de la Romanche

Les recherches menées par le service du Patrimoine culturel ont permis d’identifier l’auteur du chemin de croix, à partir du monogramme LB, visible sur l’une des stations et du nom de Luc Barbier sur une autre. Cet artiste a conçu à la fois le décor intérieur et le mobilier de cette église à la demande du père Joseph Bernard, dont la salle des fêtes a gardé le nom.

Le chemin de croix était composé de 14 stations dessinées sur papier et peintes à la gouache dans un style figuratif très linéaire, et complétées de textes poétiques écrits par Luc Barbier et inspirés d’auteurs tels que Charles Péguy, Paul Claudel ou Teilhard de Chardin. La paroisse, qui souhaitait le remployer a confié à l’atelier Marie de Lara la restauration de l'ensemble , qui ne possédait plus de cadre présentable : l’encadrement d’origine avait été scié et les stations placées dans le désordre. Grâce à des dons privés, elles ont été restaurées et bénéficient désormais d’un nouvel encadrement.

Chemin de croix Jésus Ouvrier, Luc Barbier, Station 12, avant restauration © Patrimoine culturel-CD38
Chemin de croix Jésus Ouvrier, Luc Barbier, Station 12, avant restauration © Patrimoine culturel-CD38

Dernier témoin de l’ensemble conçu par Luc Barbier pour l’église de Jésus Ouvrier de Jarrie, le chemin de croix est désormais installé dans l’église Sainte-Marie de Vizille à la demande du père Jean-Philippe Goudot, actuel curé de la paroisse.

Le chemin de croix dans son nouvel encadrement et replacé dans l'église de Vizille

Le chemin de croix dans son nouvel encadrement et replacé dans l'église Sainte-Marie de Vizille

Le texte intégral (ci-dessous) a pu être reconstitué avec l’aide de Monsieur Merlin de la paroisse :

I - Frère Jésus ouvrier comme nous apprenez-moi la patience

II - A nous aussi qui sommes chargés donnez la force

III - Et quand nous tombons le courage de nous relever

IV - Près de vous Mère nous voudrions faire halte mais la vie nous pousse

V - Aider son prochain c’est travailler pour vous Seigneur

VI - O Christ ceux qui peinent vous ressemblent

VII - Comme un homme ivre il est tombé pris de vertige devant nos fautes

VIII - Seigneur ceux qui souffrent comme vous pour votre cause ne sont pas à plaindre

IX - Délivrez-nous de nos rechutes

X - Puissions-nous être pareillement dépouillés de nos faiblesses

XI - Sous le poids du marteau et de la haine inspirez-nous votre courage

XII - Nous espérons pouvoir dire un jour aussi « tout est accompli »

XIII - Et être recueillis aussi par votre mère

XIV - Et ressusciter après le court sommeil du tombeau.