Ausencias

Absences - Photographies Gustavo Germano

Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère

Ausencias
Auteur : Collectif
Parution : 06/2016
Nombre de pages : 128
Collection : Catalogue d'exposition
Éditeur : Département de l'Isère
Code produit : 4706
ISBN : 978-2-35567-110-4
Prix : 10
Type : publication papier
Etablissement : Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère
Thème :
Histoire
,
Histoire contemporaine

La disparition forcée de personnes qui se sont volatilisées sans laisser de traces, fut la méthode suivie par les « sécurités nationales » des dictatures de la seconde moitié du XXe siècle. C’est ainsi que, de l’Amérique centrale à la Patagonie, de l’Atlantiqueau Pacifique, les militaires latino-américains, formés à la doctrine française de la guerre contre-révolutionnaire et à celle des États-Unis sur la contre-insurrection, ont pensé qu’ils échapperaient à l’obligation de rendre compte de leurs actes comme si l’absence de corps effaçait le crime ou pour le moins empêchait le châtiment. Le revers de la médaille est que ce passé atroce est devenu un perpétuel présent insomnieux, telle la malédiction que Neruda destina à Franco.
À partir de cette approche commune apparaissent des situations différentes selon les pays concernés, tant dans les méthodes de répression que dans le traitement que chaque pays en a fait par la suite. Les 45 000 disparus du minuscule Guatemala et les 400 de l’immense Brésil ont un poids bien différent dans leur pays respectif. Mais il y a bien un point commun et une grande similitude dans le vécu des familles qui ont souffert de la perte brutale d’un de leur membres. C’est pour cela que Gustavo Germano a pu transposer au Brésil le projet qu’il avait mis en place en 2007 sur les disparus en Argentine ; son frère était l’un d’entre eux.
Plus que les décisions de justice, que les investigations des journalistes ou les essais philosophiques, l’art rend compte du vide déchirant que l’absence inexpliquée provoque. Tout comme les sculptures de Juan Carlos Distéfano, ou les poèmes de Juan Gelman, les tableaux de Carlos Alonso ou ceux de l’Espagnol Ramos Gucemas, les photographies de Gustavo Germano et les points de suspension qui remplacent les noms absents dans chaque récit évoquent ce traumatisme fondateur de l’identité latino-américaine contemporaine, et nous initient au mystère du temps à travers la violence muette d’un geste figé.

PAR HORACIO VERBITSKY ÉCRIVAIN, JOURNALISTE ET PRÉSIDENT DU CENTRE D’ÉTUDES JURIDIQUES ET SOCIALES (CELS)