Bois debout
Musée Hébert
Elles sont une dizaine de sculptures installées dans les jardins du musée Hébert, s'inscrivant dans les espaces et les bosquets comme si elles appartenaient déjà à ce monde végétal. La plus ancienne présentée, en terre-cuite de 1991. Croisée, nous rappelle que l'artiste avait déjà exposé ses oeuvres lors d'un "Dedans - dehors" en 1990. Olivier Giroud a longtemps été séduit par les possibilités de la céramique. Formé à cette technique exigeante dans la Drôme et dans les ateliers du château de Ratilly, auprès des créateurs Jeanne et Norbert Pierlot, il a travaillé la terre humide en sculpteur construisant des formes massives, à l'épiderme chaudement coloré qui, déjà, suggéraient des architectures mystérieuses. Il modèle encore l'argile, notamment pour réaliser les maquettes lilliputiennes de ses projets qui tiennent dans le creux de sa main. Sa familiarité avec cette pratique lui permet, après quelques dessins, d'esquisser rapidement les structures d'un futur volume et d'en vérifier au préalable l'équilibre et la pertinence.
Ici, Olivier Giroud a choisi le bois, qui lui donne la liberté de sculpter dans une échelle monumentale et s'accorde mieux avec les arbres centenaires du parc. Il utilise le peuplier, dont il apprécie la matière pleine, façonnable et vivante, qui se patine rapidement. Les troncs sont épannelés, équarris, leurs surfaces sont laissées tantôt brutes, tantôt lisses ou encore légèrement poncées pour mieux accrocher la lumière et favoriser les effets du temps. Les masses sont emboitées comme dans un jeu de construction pouvant évoquer quelques vestiges d'un temps archaïque. Plus petites, comme Halte présentée dans l'entrée du musée, ou monumentales comme celles proposées dans les jardins, ce sont des oeuvres récentes dont quelques-unes ont été réalisées pour cette exposition.
D'une certaine façon les sculptures d'Olivier Giroud nous renvoient à des formes archaïques. Inconsciemment ou sciemment il retrouve, en taillant le bois, une pratique ancienne comme l'est celle de la céramique, les gestes des premiers créateurs. Une continuité dans le temps qui se nourrit du doute et de l'interrogation. Ici la création balanche entre fini et non fini, excès et retenu, ordre et désordre. "Bois debout", comme une géométrie discrète animant l'espace, un amer incertain peut-être...