Cicatrices murales (2004 / 1-2)
Les graffiti de prisons
Les graffiti de prisons
Musée dauphinois
Le graffiti est prohibé en milieu carcéral. Pourtant, il y est profus, en tous lieux et à toutes les époques, sous des formes diverses. Il s'affiche plus ou moins ostensiblement. Il « fait mémoire » et transmet quelque chose de la vie du détenu. Dix terrains sont explorés ici : des prisons désaffectées, une cellule communale, une maison d'arrêt en activité, une simple chambre ou une cour transformée en lieu de détention. A la concision de la plupart des graffiti, on oppose souvent leur polysémie. Mais la signification de ces actes graphiques n'excède-t-elle pas toujours le caractère fruste des épigraphes ? Quelques mots ou quelques traits suffisent à exprimer l'attente et l'ennui, l'incompréhension ou le fatalisme, l'inquiétude ou la douleur. Tous traduisent une tension extrême. Peut-être certaines blessures psychologiques de leurs auteurs réussissent-elles à cicatriser quand ils les extériorisent sur les murs des cellules ? Le graffiti, considéré comme un fragment du carnet intime et presque jamais écrit du détenu : il donne à voir ce que la société cache, la terrible réalité pénitentiaire. En s'accumulant, ces inscriptions font de l'espace carcéral le lieu de mémoire d'individus qui n'ont rien d'autre à partager que leur enfermement.