Contemplations

Ji-Young Demol Park Un regard coréen sur les Alpes

Musée Hébert

Auteur : Collectif
Parution : 06/2022
Nombre de pages : 54
Collection : Catalogue d'exposition musée Hébert
Éditeur : Département de l'Isère
Code produit : 6844-948
ISBN : 978-2-35567-150-0
Etablissement : Musée Hébert
Thème :
Paysage

OUVRAGE ÉPUISÉ

« La nature est au cœur de mes préoccupations artistiques.
Où que j’aille, elle m’inspire à l’infini. »

Ji-Young Demol Park

L’exposition, présentée au musée Hébert, propose de découvrir les paysages poétiques et sensibles de Ji-Young Demol Park, artiste coréenne née en 1970 et installée dans les Alpes depuis plus de vingt ans. Lorsqu’elle retrace son parcours artistique, Ji-Young Demol Park fait remonter ses souvenirs à sa plus tendre enfance. Petite fille, elle n’a de cesse de copier les illustrations de ses albums jeunesse, apprenant à dessiner avant même de savoir écrire… Puis vient la révélation lorsque son père, au retour d’un voyage en Europe, lui offre, l’année de ses 6 ans, des livres d’histoire de l’art et des diapositives des chefsd’oeuvre de l’art occidental. Cette rencontre décisive avec les oeuvres les plus célèbres, dont celles de Léonard de Vinci ou de Michel-Ange, la conforte dans son désir de créer, de devenir artiste. C’est donc tout naturellement qu’elle poursuit dans cette voie et se forme aux beaux-arts à l’université nationale de Kyung Buk à Daegu (Corée), se spécialisant en art occidental. Après quelques années d’enseignement et la création d’ateliers artistiques, Ji-Young Demol Park aspire à contempler enfin les chefs-d’oeuvre qu’elle admire depuis l’enfance, aussi entreprend-t-elle en 1996 un voyage en Europe pour en visiter les plus prestigieux musées. Sensible à la culture française et aux paysages alpins, elle pose ses valises à Chambéry puis à Annecy, en 1997, pour poursuivre ses études à l’École supérieure d’art. À cette époque, elle développe un travail artistique personnel riche et diversifié, entre installation, art vidéo, gravure ou encore photographie. En 2001, pour compléter sa formation, Ji-Young Demol Park entre à la Haute École d’art et de design (HEAD) de Genève, en troisième cycle de perfectionnement. Elle enseigne ensuite pendant plus de quinze ans dans la région genevoise et s’installe avec sa famille dans le petit village viticole d’Ayze, dans la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie.

En 2012, lors d’un voyage en Corée pour rendre visite à sa famille, ce n’est plus l’appareil photo qu’elle utilise pour immortaliser ces instants mais ses carnets et ses couleurs, avec le besoin impérieux de dessiner ce qui l’entoure. Un point de bascule dans la carrière de l’artiste qui aspire à revenir à ce qui lui semble essentiel, le dessin et la peinture. Elle se libère alors des contingences matérielles des installations ou de la vidéo, pour laisser place aux techniques originelles et sans filtres du papier, de l’eau et des pigments. Cela fait donc plus de dix ans que Ji-Young Demol Park explore et perfectionne l’art du paysage au lavis. Sa fascination pour les paysages alpins aux formes saillantes et minérales, bien différents des douces collines de sa Corée natale, l’amène à arpenter inlassablement la montagne pour en saisir la beauté sur le vif. Par de subtils lavis d’encre et d’aquarelle, elle retranscrit avec ses pinceaux et calames – bambous taillés – l’état d’émerveillement et de contemplation qui l’habite. Couchant sur le papier ses « émotions visuelles », elle consigne les instants fugaces d’une brume évanescente, d’une lumière changeante sur les rochers ou d’une atmosphère quasi mystique. Lorsqu’elle croque sur le motif, il n’est pas rare qu’elle utilise la neige, une mousse ou des brindilles. Ces éléments naturels à portée de main viennent compléter ses outils. À partir de ces esquisses « de terrain », Ji-Young Demol Park réalise en atelier des oeuvres de moyens et grands formats, faisant naître sous ses doigts un singulier métissage pictural, entre Asie et Occident. Parmi les quatre-vingt-cinq oeuvres exposées, celles qui ont pour sujet l’Isère enrichissent et renouvèlent notre regard sur les paysages qui nous entourent. Ces peintures sont le fruit d’un travail inédit réalisé pour cette exposition. Au cours des derniers mois, l’artiste a fait du département son nouveau terrain de création, dessinant inlassablement et par tous les temps. Elle rend hommage à la force du vivant et souligne l’immensité de ces paysages qu’aucune présence humaine ne perturbe. Alliant le tracé énergique du calame, geste quasi calligraphique, à la douceur des lavis aqueux aux nuances infinies, Ji-Young Demol Park parvient à restituer, par cette économie de moyens, la rudesse des montagnes, les gouffres vertigineux, les lumières évanescentes, les lignes de crête… L’usage virtuose des vides, obtenus par le papier laissé en réserve, suggère et stimule l’imagination du spectateur. Dans une relation intime avec la nature, l’artiste rend hommage à la beauté des Alpes pour notre plus grand bonheur.

Fabienne Pluchart, directrice du musée Hébert