De larmes et de sang, images croisées de la douleur
Musée de Saint-Antoine-l'Abbaye
Si la douleur demeure à maints égards une énigme, autant par la crainte qu'elle inspire que par l'attention qu'elle génère, son expression s'illustre en Occident comme un corollaire du langage à la fois social et culturel. Ainsi l'image de la douleur cette limite sensitive de l'âme, extatique des mystiques et des martyrs ou exacerbée des cortèges de flagellants, propose-t-elle du Moyen Age au 18ème siècle, à défaut parfois de rendre perceptible la réalité, une certaine vérité modifiant les rapports complexes de l'homme à la douleur au regard des progrès de la médecine des siècles suivants.
Ainsi, de larmes et de sang...les représentations de la douleur aussi bien physique que morale proposent de manière didactique jusqu'à l'époque moderne une image double de la souffrance du Christ. Perçue initialement comme expiatrice, la douleur s'émancipe parfois jusqu'à offrir l'image d'une cruauté infligée dont l'horreur révélée tend à illustrer la relative fragilité de l'ordre social.
Prendre en compte la douleur pour mieux la soulager, en percer les arcanes notamment grâce à l'image scientifique demeure l'un des enjeux de la médecine moderne. Car la douleur est indubitablement l'un des grands axes de la recherche scientifique à l'aube de ce 21ème siècle et sa perception comme sa compréhension font écho à une impérieuse nécessité.
Ainsi, au-delà d'une lecture strictement doloriste du thème, d'une mise en abîme illustrée par l'iconographie, de métaphores comme autant d'allégories, l'image révélée par les œuvres d'art confrontée à l'image scientifique suggère d'inattendues correspondances.