L’Alpe 40 | Des usines et des hommes

Musée dauphinois

L’Alpe 40 – Des usines et des hommes
Auteur : Collectif
Parution : 03/2008
Nombre de pages : Revue trimestrielle, 96 pages, 23 x 30 cm
Collection : Revue l'Alpe
Éditeur : Glénat
Code produit : 2579
ISBN : 978-2-7234-6267-9
Prix : 15
Etablissement : Musée dauphinois
Thème :
Patrimoine

La condition ouvrière est-elle soluble dans l'alpe ? C'est la question que l'on peut se poser aujourd'hui tant le fait industriel est souvent effacé du paysage montagnard. Comme s'il en représentait une face cachée. On préfère jouer le saut temporel en laissant croire au visiteur que le travailleur alpin est instantanément passé du cul des vaches à l'accueil des touristes. L'exploitation des mines, la métallurgie, la domestication de l'énergie hydraulique et la fabrication du fer ou du papier ne représenteraient ainsi qu'une parenthèse de l'histoire qu'il faudrait vite refermer avant que ne s'en échappent des voix discordantes dans la grande harmonie de cette si belle nature alpestre…

Dans le Nord-Pas-de-Calais, au Creusot ou à Carmaux, partout ailleurs, cette mémoire populaire est pourtant reconnue depuis des décennies. Dans les années 1970, on avait même été jusqu'à inventer le concept d'archéologie industrielle. L'étudiant aux Beaux-arts que j'étais alors, travaillant sur les vallées sidérurgiques lorraines, fils d'ouvrier, avait presque était séduit par le discours officiel. Avant de se rendre compte que les hommes et les femmes qui savaient manier ces outils si savamment évoqués par des chercheurs étaient encore bien vivants et qu'à côté de l'art et de la science, ils avaient peut-être aussi des choses à nous apprendre sur eux-mêmes, sur l'usine et sur la vie.

« Dis, papa, c'était quoi le ski ? » Cette question, nos petits-enfants nous la poseront probablement demain quand le tourisme de neige sera passé de mode. Musées des sports d'hiver et autres centres d'interprétation savent d'ores et déjà leur répondre. Mais les petits acteurs du monde industriel, eux, attendent encore qu'on daigne écouter leur parole. Dans le département de l'Isère, un grand projet est en ce moment même en chantier. Saluons donc l'initiative et souhaitons qu'elle fasse des émules. En attendant, c'est aux ouvriers de l'alpe que ce numéro de L'Alpe est dédié. Affectueusement. Pascal Kober.

Sommaire :

  • "L'art d'accommoder les friches" Héritage oublié, le patrimoine industriel peine à se faire une place dans le paysage culturel alpin. Si les bâtiments désaffectés commencent à susciter l'intérêt du public et des acteurs locaux, une véritable politique de réhabilitation reste à inventer, en étroite corrélation avec la mémoire ouvrière qui s'y attache. Car les usines et leurs hommes sont une composante essentielle de l'histoire des régions de montagne. Par Jean Guibal.
  • "Ces étranges objets du dédain" Témoins décriés, les vestiges industriels ne sont guère valorisés en Valais. On rase des usines mais on restaure des fours à pain. Dans ce canton suisse qui a toujours considéré l'industrie comme un corps étranger, l'intérêt pour le monde rural l'emporte sur la mémoire ouvrière. Mais aussi sur la culture contemporaine, qui investit pourtant peu à peu une poignée d'édifices réhabilités. Non sans peine dans ce paysage immuable de carte postale. Par Gabriel Bender.
  • "Tissage sous tutelle" Des usines-pensionnats alliant l'internat à l'atelier abritent de nombreuses ouvrières du textile à la fin du XIXe siècle en Rhône-Alpes. Sous la férule de religieuses, les jeunes filles travaillent et vivent dans des conditions très dures, soumises à une stricte discipline censée protéger leur moralité. Une oppression patronale et religieuse dénoncée par les tenants d'une société laïque et républicaine au début du siècle suivant. Par Andrée Gautier.
  • "Quartier nègre" L'usine, du berceau à la tombe... L'usine dont on vit et dont on meurt. L'usine à l'ombre de laquelle on travaille, on aime, on s'amuse ou on fait la grève. Une grande famille avec ses peines, ses soucis et ses joies, un creuset d'hommes, de destins et de nationalités. Où les enfants d'ouvriers apprennent la vie en jouant au foot dans les scories des fours. C'était à l'usine de Petit-Cœur, en Tarentaise (Savoie), dans les décennies d'après-guerre. C'était il n'y a pas longtemps. C'était dans un autre temps... Par Michel Étiévent.
  • "Tout doit disparaître..." En Maurienne, l'usine Matussière et Forest a dû être détruite après quelque cent cinquante ans d'existence. Non par volonté délibérée de gommer le passé industriel de Fourneaux, mais pour des raisons environnementales. Seules les archives et d'ultimes photographies des bâtiments désaffectés conservent le souvenir de cette aventure papetière. Par François Chemin.
  • "Portfolio : être (au travail) ou ne pas être ? " Face à face, ouvriers d'hier et chômeurs d'aujourd'hui : par leur confrontation dans ces pages s'esquisse un siècle de mutations dans le monde du travail en Isère. Entre les dures conditions de l'ère industrielle et la précarité de notre univers ultralibéral, s'exprime un même combat. Et une mémoire vivante à préserver, partie prenante d'une politique culturelle et patrimoniale concrétisée par des expositions, des publications et le projet d'un musée consacré à la mémoire ouvrière. Par Claude Bertrand. .
  • "Le chrétien et le marxiste" Communauté de travail fondée sur des valeurs utopistes, usine à rêves unique en son genre, l'entreprise Boimondau représente l'une des aventures industrielles et sociales les plus singulières du siècle dernier. En trente années d'existence, de 1941 à 1972, cette fabrique de boîtiers de montres aura connu une renommée surprenante sous la houlette de deux personnages atypiques. Par Yves Nicolas
  • "L'envers du béton" Matériaux plastiques et robustes, se prêtant à de multiples utilisations, le ciment puis le béton ont connu de belles heures dans les Alpes, tant pour les procédés de fabrication que pour les utilisations. Si de nombreux édifices bénéficient désormais d'une reconnaissance patrimoniale, il n'en va pourtant pas de même pour les sites de production… Par Anne Cayol-Gerin.
  • "Une industrie volatile ?" Né d'une délocalisation de l'horlogerie suisse, le décolletage de la vallée de l'Arve, en Haute-Savoie, est le premier du monde. En trois cents ans, cette activité fortement familiale a engendré une véritable atmosphère industrielle autour des savoir-faire locaux. Un patrimoine immatériel original et vivant, aujourd'hui menacé par les fonds d'investissement et les délocalisations. Mais le décolletage est-il soluble dans la mondialisation ?... Par Pierre Judet.
  • "Paroles de mineurs" En 1997, les Houillères du Dauphiné cessaient leur activité. Un passionné de la culture minière est allé à la rencontre d'anciens mineurs et acteurs de cet univers. Dans un ouvrage paru en 2007, il rassemble des témoignages vivants sur la vie et la société de ce plateau matheysin voué au charbon, qui a connu une reconversion difficile et dont la mémoire reste douloureuse. Par Bernard Biais.
  • "Alpes d'ailleurs : mines de riens" Monts chauves et sombres pyramides dominent les corons, tout là-haut, vers le plat pays. Nés des profondeurs de la terre, les terrils abandonnés s'érodent sous le ciel ou les pelles mécaniques. Envahies d'herbes folles, ces Alpes du Nord de crassier et de sueur portent la mémoire de générations de mineurs. Faut-il les recycler ou les araser ? Un photographe et un poète ont arpenté de concert ces sommets du passé, entre permanence et mutation. Par Lucien Suel. Et encore…
  • "Visions alpestres" Le pittoresque des paysages alpins attire les artistes dès le XVIIIe siècle. Emboîtant le pas aux premiers voyageurs, ils découvrent des scènes propices à une diversité d'expressions picturales. Aquarelles, gravures, estampes, aquatintes ou lithographies contribuent à diffuser l'image de la montagne et de ses habitants. Cette profusion d'illustrations a fait le bonheur des touristes... et des collectionneurs. Comme Léo Garin et Jean Blanchard, qui proposent un "Voyage au coeur des Alpes" issu de leurs fonds et récemment paru aux éditions Glénat. Extrait. Par Marie Radice. "Tell père, tels fils..." Héros légendaire, Guillaume Tell est au cœur du mythe fondateur de la Confédération helvétique. Cette figure symbole de liberté et d'identité nationale connaît une incroyable postérité. Le personnage et son histoire se sont déclinés sous une multitude de formes jusqu'à nos jours, notamment au travers de l'affiche comme le montre une exposition présentée à la bibliothèque nationale suisse de Berne. Par Dominique Vulliamy.