Pourquoi un Inventaire du patrimoine religieux du XXe siècle en Isère ?
Si le mot « patrimoine » évoque invariablement les périodes anciennes (de l’antiquité au XIXe siècle compris), depuis quelques décennies les chercheurs en histoire de l’art portent leur attention également sur le XXe siècle, particulièrement sur la question du patrimoine religieux. En effet, dès 1905, la loi « de séparation des Églises et de l'État » marque une grande rupture avec les siècles passés (transfert de la propriété de la plupart des édifices religieux catholiques aux communes et à l'État, qui dès lors, ne finance plus aucun culte).
Ce contexte juridique et financier s’est accompagné, en France particulièrement, d’un mouvement de renouveau « liturgique » au sein de l’église catholique qui a finalement abouti au Concile de Vatican II (1962 – 1965). De nouveaux lieux de culte, répondant à ces aspirations, ont mobilisé architectes et artistes pour créer des formes inédites avec des matériaux contemporains, tant pour les bâtiments que pour le mobilier qu'ils contiennent.
A la suite d’opérations semblables sur d’autres territoires, le service du patrimoine culturel de l’Isère a décidé d’entreprendre un inventaire du patrimoine religieux du XXe siècle sur l'ensemble du département.
Comment définir un corpus ?
Une réflexion d’équipe a conduit à retenir en un corpus les édifices religieux de tous cultes construits ou substantiellement modifiés au cours du XXe siècle (période avant 1905 comprise) ainsi que le mobilier qui y est attaché. A cet ensemble fut également rajouté – sans prétendre à l’exhaustivité - le mobilier contemporain installé dans des édifices plus anciens pour les ornementer ou pour répondre aux nouveaux besoins liturgiques. Cette approche vise à recueillir le plus d’informations possible sur les architectes et les artistes (peintres, verriers, sculpteurs, décorateurs) qui ont œuvré localement, mais aussi parfois dans d’autres régions ou encore à l’international. Parmi les plus illustres, évoquons les noms de Maurice Novarina, Pierre Pinsard, Pierre Pouradier-Duteil, Albert Ribollet, Paul Montfollet, André Balmet, Elizabeth Meyer, Jean Coquet, Henri Charlier, Robert Pierrestiger ou encore, bien sûr, Arcabas (Jean-Marie Pirot).
Préambule et pistes de recherche
Si cet inventaire a été rendu possible, c’est grâce au concours des équipes du Diocèse de Grenoble, propriétaire de nombre d’églises postérieures à 1905. Une convention entre le Département et le Diocèse a permis de faciliter l'accès à ces édifices et d’entamer une collaboration permettant de préciser les attentes mutuelles en termes d’inventaire et de valorisation. Découvrir les autres lieux de culte (chapelles d’hôpitaux, d’établissements scolaires, de couvents) nécessitait un repérage préalable, rendu possible par d’incontournables sources d’information auxquelles nous avons pu avoir accès : les archives diocésaines, les archives municipales et métropolitaines de Grenoble, la revue « la Semaine Religieuse du Diocèse de Grenoble », et enfin, l’irremplaçable Fonds Meyer, fonds documentaire et iconographique, conservé par le service du patrimoine culturel (voir l'article sur le fonds Meyer).
Dans le vif du sujet… le terrain !
Une fois estimé le corpus d’étude, le travail d’inventaire commence : dépouillement documentaire, préparation des dossiers, prises de rendez-vous, visites sous forme de tournées par territoires, rencontres diverses et variées (responsables du culte, paroissiens, élus, membres d’associations patrimoniales) et couverture photographique des sites aussi complète que possible. Si le premier semestre 2021 a été consacré à identifier le corpus et à dépouiller les archives et les sources d’information, le travail de terrain a commencé en Septembre 2021 avec en ligne de mire son achèvement à la fin de l’année 2022.
Et pour les autres cultes ?
Dès les premières réflexions sur cet inventaire, le service avait pleinement conscience que l’essentiel des édifices inventoriés allait relever du culte catholique, du fait de sa prééminence historique en France, mais aussi de son histoire mouvementée au XXe siècle avec ses conséquences liturgiques et spirituelles, creuset de réflexions esthétiques et formelles. C’est donc tout naturellement que l’inventaire a débuté par la visite des édifices catholiques. Mais cela sans perdre de vue la nécessité de s’intéresser également, d’un point de vue patrimonial, à l’ensemble des édifices construits pour le culte durant cette période : temples, synagogues, mosquées ou autres églises non catholiques. Des articles plus spécifiques permettront ultérieurement d’en rendre compte.
Pour conclure cet article d’introduction à cet inventaire, premier d’une longue série qui nous permettra d’en approfondir les résultats, nous vous invitons à parcourir en images, un aperçu des sites découverts…ou redécouverts !